Mai 2022 - Les requins à Fontainbleau

Après un an à se faire engueuler par Manu pour aller en falaise ensemble, il aura fallu attendre la fin de l’année scolaire pour enfin organiser quelque chose. Comme quoi il fallait peut-être nous laisser tranquilles pour que ça se fasse.

Après la qualification de Noé, Coraline et Rémy aux Championnats de France Universitaires, la décision de les rejoindre après la compétition pour passer le week-end à Fontainebleau a vite été prise.

Au moment de quitter Grenoble, la saison des blessures était passée par là, et de compétiteurs il ne restait plus que Rémy. Coraline récupérait tranquillement du 360 No Scop de son bras, et Noé se calmait pour éviter une 12ème opération du genou. Décidément, une période sombre pour le groupe perf.

Cela n’empêche pas les autres de monter le vendredi soir. La fine équipe est alors composée de :

  • Rémy en mode méga babos, qui essaye d’oublier qu’il sort de 2 jours de compétition
  • Thomas, le seul à bien connaître bleau, de retour aux origines
  • Merlin descendu de ses montagnes, qui ne se voit pas vraiment perfer à aussi basse altitude
  • Mathias qui s’imagine déjà envoyer des gros jetés comme au Labo
  • Gaétan et son crash pad tout neuf, (absolument pas) prêt à découvrir les rétas de bleau
  • Lilian, qui se joint au groupe au pied levé sans même un duvet mais avec de grandes ambitions de perf
  • Lionel qui nous rejoint le dimanche histoire de nous rappeler ce que c’est de sortir des blocs

Samedi: apprendre l’humilité

C’est une chose d’expliquer que les cot’ de Fontainbleau sont violentes. C’est autre chose de le vivre. Avec une moitié du groupe qui n’avait jamais mis les pieds à Fontainebleau, les ambitions de croix promettaient de belles désillusions. À ce titre, la première journée n’a pas déçu.

Pour ce premier jour, c’est le secteur d’Appremont qui a été choisi. Un classique de la forêt, avec suffisamment de blocs pour ne marcher sur les pieds (et les oreilles) de personne.

Après avoir perdu 30 minutes dans une marche d’approche particulièrement inefficace, qui aura consisté à contourner la moitié des secteurs, le groupe s’établit finalement au pied du gros rocher contenant notamment Jiu-Jitsu et Vivendi.

Après s’être échauffé dans La Fenêtre (et avoir déjà bien sué dans le réta final pour certains), les choses sérieuses commencent avec Le mur des Lamentations, 7a/+.

Sans surprise, partir dans une dalle en 7 sans aucune expérience de cette grimpe caractéristique de Bleau donnera lieu à un échec cuisant. Ça force, ça monte des pieds improbables, ça zippe, et au final ça repart la queue entre les jambes. Même la tentative de feinte en passant trop à gauche (ce qui donnerait sûrement un 6A vu les standards de Bleau) n’aura rien donné. Mais heureusement ce n’est jamais la faute du grimpeur, et la canicule ambiante fournira l’excuse parfaite pour cette dalle à condis.

Qu’à cela ne tienne, vive les blocs physiques ! Serrer des prises, ça on sait faire ! L’équipe se scinde alors dans 3 blocs situés sur le même rocher :

  • Jiu-Jitsu (6B)
  • Modus Vivendi (6C)
  • Légitime Adhérence (6B+, 7A assis)

Quelques heures de grimpe et de chutes plus tard, le constat est encore une fois sans appel: aucun bloc de sorti. Lilian bouge bien dans Légitime Adhérence, mais n’arrivera pas à enchaîner depuis le départ. Mathias et Thomas ont bien jetés dans Modus Vivendi mais à part des jolies photos ça n’a pas donné grand chose. Pendant ce temps, Gaétan se bat contre sa peur d’engager dans Jiu-Jitsu et Rémy tombe à répétition dans le mouvement clé. Merlin quand à lui se bat avec une épaule réfractaire.

La lassitude et la fatigue commencent à gagner le groupe. Certains partent se balader à la recherche d’un nouveau projet sur lequel se casser les dents. C’est à ce moment là que Rémy décide de s’inventer un mental, par des exercices de méditation que lui même ne comprend pas. Le fait est que ça fonctionne, et après 2 essais la première croix est faite dans Jiu-Jitsu (en version rallongée avec un départ assis, qui ne change sûrement pas grand chose à la cotation).

La journée de grimpe se terminera dans Belle Gueule, un réta en 6C+ trouvé par Merlin, qui démontre au passage sa capacité à arquer des prises totalement inexistantes. Une bonne demi-heure à tester des méthodes absurdes pour éviter de serrer les prises, et la journée se finit sur un nouvel échec. Mais pas de regrets on s’est bien fait plaisir !

Retour au spot de bivouac, douche au robinet en traumatisant au passage un groupe de religieuses qui n’étaient pas préparées à la vision de types à poils dans la fontaine, et finalement le bientôt classique plat de pâtes-fromage-bolognaise.

La nuit sera agitée, avec une descente de police pour éteindre le feu des religieuses (au premier degré hein on se calme). Merlin, avec son caleçon en guise de cache-yeux, ne sera finalement pas embarqué pour exhibitionnisme.

Dimanche: tout pour la perf (le 2 c’est pas facile quand même)

Nouvelle journée, nouvelle motiv (à défaut d’une nouvelle peau) ! Après avoir engueulé les autres campeurs la veille, parce que oui nous on est des montagnards vous comprenez on se lève super tôt, le départ se fait finalement à 9h sans la moindre pression.

Cette fois-ci on part pour le Bas Cuvier. On y retrouve Lionel-doigts-d’acier qui nous rejoint pour la journée depuis Paris.

Malgré ce début de journée paresseux, le dernier arrivé sera quand même sa majesté Gaétan. Ayant refusé de passer la nuit dans la fange avec la plèbe, il arrivera tranquillement à 10h30 après douche, resto vrai lit et grasse mat (et sûrement croissants).

À nouvelle journée, nouvelle stratégie. Le 6 c’est trop dur ? Pas de problème, on peut aussi prendre des buts dans du 5 ! La journée commence ainsi par le travaille de quelques blocs forts jolis.


La leçon du jour: le 5 de bleau, au début ça paraît infaisable, mais si on s’acharne on finit par sortir. À l’arrivée on se dit que finalement c’était pas si dur (même si on a lâché 15 runs), simplement technique et inhabituelle. Quand chaque bloc devient une mini-leçon d’escalade !


Après ces quelques amuses-gueules (et un concours de grand écart entre deux blocs, expression pathétique d’une souplesse méprisée par un groupe perf sclérosé), la confiance revient un peu et on se prend à nouveau à rêver de grandes choses.

Apparté: pendant ce temps, Lionel éclate à peu près tout ce qu’il trouve. Voilà.

La journée avance, quelques blocs sont travaillés. Rémy qui cherche sûrement à faire son intéressant (même si il se la joue Charles Albert ECO+ désintéressé par la hype et la perf) s’envoie un 5C (?) à vue pied nu sans crash, en se mettant à moitié panique dans les plats du réta, à 5m et sans magnésie. Ça sort, Gaétan pourra dormir cette nuit.

On arrive à l’heure fatidique du repas. La canicule et la fatigue du 2ème jour commençants à faire leur effet, les crash servent de plus en plus de lit et de moins en moins de parade. C’est à ce moment là, sortit de nul part, tel un superman japonais en coupe du monde de bloc, que Merlin décide de sortir le grand jeu.

Alors que la meilleur perf du groupe éponyme se situe encore à 6b (sans compter Lionel, mais il n’a pas besoin qu’on lui remonte l’égo), Merlin pète un câble et éclate un 6C au 2ème essai.

Performance mémorable s’il en est, qui restera de manière certaine un évènement majeur de l’épopée du groupe. Un éclatage de bloc réalisé dans les règles de l’art, qui ne s’embarrassera pas de chichis et autres douleurs aux épaules. Magnifique !

Après cet exploit, l’après-midi se passera tranquillement. La journée se termine sur un superbe 7B dans lequel ceux qui ont encore de la peau bougent, mais sans que personne (même Lionel !) n’arrive à en venir à bout.

Reste à revenir à Grenoble. Mathias sort le grand jeu, et malgré la fatigue il éclate le trajet retour en grand patron.

Grâce à l’emploi de la technique dite des “playlists à thème”, le trajet sera même selon plusieurs témoignages “les 5 heures de voiture les plus courtes de ma vie”. Ce sera notamment la naissance de la playlist “1 titre - Finale de diff édition”, appelée à accompagner les meilleurs séances de try hard à venir.

Fin du week-end, dodo !

Pour les photographes Thomas et Rémy, il restera le dérush des photos pour clôturer un super week-end de bloc dans ce spot mythique.

Toutes les photos du week-end sont disponibles ici.