Juillet 2022 - Les requins à Chamonix

Après avoir retourné la Mecque du bloc en France (non) et celle de la diff (non plus), quoi de mieux pour cette 3ème sortie du Groupe Perf que Chamonix et ses mythiques grandes voies en granite ?

Sur une idée originale de Coraline souhaitant aller voir la coupe du monde de diff, suivi d’une proposition de Gaétan (!) d’en profiter pour grimper, la team s’embarque pour le Brévent.

Cette fois-ci on retrouve:

  • Gaétan, qui essaye désespéramment de faire croire qu’il a déjà leadé de la GV à Cham
  • Hugo
  • Marjorie qui après une seule séance à EV est déjà prête à en découdre
  • Merlin, de retour dans son pays de cœur
  • Thomas
  • Lilou
  • Rémy

Samedi, c’est Belvitas !

Afin de ne pas déroger aux traditions, l’organisation a évidemment commencé la veille du départ. Résultat, après 50 changements de plans, deux ou trois incompréhensions et un semblant de logistique, les choses se mettent en place:

  • Merlin et Rémy montent le vendredi soir en covoit pour dormir à l’appartement des grands-parents de Juliette. Ils sont rejoint le samedi matin par Hugo
  • Le reste de l’équipe décolle de Grenoble le samedi matin
  • Tout ce beau monde se retrouve en haut du Brévent

Après une tentative avortée de réveil à 5h pour les Grenoblois, la caravane se met finalement en route.

NDLR: au moment d’écrire ces lignes, je suis pas encore sûr d’avoir bien compris ce qu’il s’est passé. Il semblerait qu’après un premier oublie de duvet de Gaétan, le groupe se soit finalement retrouvé au pied de l’appart de Lilou à attendre que celle-ci daigne se réveiller.

Pendant ce temps, Rémy Merlin et Hugo qui avaient quand même bien senti que le timing de départ ne serait pas respecté en profitent pour s’envoyer une première grande voie.

Ce sera Retour à la Bretagne, un des objectifs affichés du week-end. 4 longueurs en TA pour finir en haut du Brévent. Fort de ses 6 heures de sommeil et d’une confiance inébranlable, Rémy envoie les deux premières longueurs, suivi sans problème par les deux autres. Un quart d’heure de retard est tout de même pris après le blocage d’un coinceur au tiers de L1. Bilan: 80€ de perdus pour Rémy. Ça lui apprendra à (mal) poser des points !

La 3ème longueur est avalée en réversible pour gagner du temps (un 5 de jonction assez facile, où l’enjeu est surtout de ne pas assassiner son assureur par chutes de pierres). Arrivés au relais, on comprend mieux pourquoi il vaut mieux éviter le monde. La Frison-Roche, grande classique de la paroi, traverse en plein milieu de L3 ! Et comme évidemment les gens ne font pas attention (et ne daignent pas clipper le spit mis spécialement pour éviter que la corde ne frotte par terre et ne décroche des cailloux), le relai de L2 devient l’entonnoir dans lequel se déverse toute la caillasse décrochée. Pas de problème pour nous, mais la cordée à notre suite n’a pas passé un très bon moment (dixit: “je ne conseillerais cette voie à personne”, avis complètement opposé au notre).

Dernière longueur: la plus belle ! Un 6b+ dans une superbe fissure. C’est Merlin qui s’y colle, et qui passe en patron. Pour les autres, il n’y a plus qu’à suivre et à profiter de la fin de cette première grande voie du week-end.

À l’arrivée, le groupe complet se reforme. Les grenoblois auront attendu moins d’une heure au sommet.

Après avoir caché les affaires de bivouac, la journée peut continuer (commencer pour certains). 3 cordées se mettent en place:

Lilou et Thomas partent dans Spitomaniak, une très (trop) longue voie dans du 4 et 5. Une bonne introduction à la GV pour Lilou, mais tout de même un peu longue. Les longueurs les plus faciles seront envoyées en corde tendu pour gagner du temps.

Merlin et Hugo décident de partir dans Frison-Roche (je crois ?). Le grand classique de la paroi, équipée, avec une dernière longueur en 5c magnifique (dixit Merlin: “le plus beau 5c de ma vie !”).

Marjo Gaétan et Rémy quand à eux partent dans Tartiflette, une grande voie en 5c max vers Planpra. Une bonne mise en jambe, et une première GV pour Marjo (en tout cas dans des conditions saines, mais le récit de sa vraie première grande voie est trop long et rocambolesque pour être relaté ici).

Gaétan qui tient à rappeler à tout le monde que si, il a déjà fait de la grande voie en tête, part devant. Il sera finalement leader fixe, avalant les longueurs sans problème, grâce à son incroyable capacité à “crimper des fourmis” (et non pas clipper des fourmis comme l’avaient compris Rémy et Marjo). Après 4 longueurs, et arrivés à ce qui ressemble fort à un sommet, l’équipée décide de s’éviter la fin de la voie (une course d’arrête principalement en 4). Retour sur le plancher des vaches grâce à un habile rappel sur une mauvaise cordelette, et fin de cette première aventure.


Apparté: Dora, Babouche et Flipper

Connaissez-vous ce trio mythique des Alpes (et de la télévision) françaises ? Une cordée d’anthologie, formée de 3 alpinistes parmi les plus chevronnés de leur génération:

  • Dora, l’aventurière leader du groupe, qui n’hésite pas à insulter et violenter copieusement ses équipiers pour les faire avancer.
  • Babouche, le singe hirsute qui crapahute dans les buissons. Notez qu’il ne répond qu’à ce nom, malgré un trouble de la personnalité qui l’amène souvent à répéter “J’suis la carte, j’suis la carte” ou encore “Sac à dos, sac à dos”.
  • Flipper, l’éternel fauteur de trouble de l’équipe. En cas de blocage mental ou de refus d’ouverture de bassin, répéter 3 fois “Flipper, arrêtes de flipper” doit suffire à le faire avancer.

Cette cordée mythique est principalement connue pour son ambiance délétère. Si l’ors d’une de vos sorties vous entendez des gens s’insulter à travers la montagne, c’est sûrement eux !


Fort de cette première réussite, et motivé par un soleil plus doux, le trio décide malgré l’heure tardive de se lancer dans un nouveau projet. Rémy qui ne digère pas le coinceur bloqué le matin même souhaitant faire une tentative de récupération, décision est prise de repartir dans Retour à la Bretagne.

Malheureusement la vie n’est pas toujours simple. Après une indication approximative de Rémy, Gaétan et Marjo foirent l’approche en beauté et partent courir après les bouquetins sur des mauvaises pentes. Une fois l’erreur identifiée, le demi-tour effectué et Babouche copieusement corrigé par sa dresseuse, la cordée arrive finalement au pied de la voie à 19h30.

Qu’à cela ne tienne, on a des bonnes frontales (ah non tiens pas Gaétan d’ailleurs, mais je m’en rends compte en l’écrivant). Rémy s’élance bravement dans la première longueur, qu’il termine sans avoir pu récupérer le coinceur. Marjorie suit sans difficulté, contrairement à Gaétan qui découvre que la grimpe de face sur réglette ne va pas lui suffire dans ce dièdre à fissure. L2, le magnifique 6a+, même combat. Marjorie éclate la longueur dans un style magnifique (la plus belle réalisation de cette longueur toute cordée confondu d’après Rémy). Gaétan, allégé du sac à dos et équipé d’un sac à pof s’en sort mieux. La longueur se transforme même en expérience sensorielle, quand il découvre coup sur coup tout un panel de nouveaux mouvements (du genre “grimper de profil”). On retiendra cette phrase mythique, prononcée au plus dur de L2 après avoir reçu les méthodes des unes et des autres:

Donc là ce que vous me proposez c’est au choix un COINCEMENT DE MAINS ou un GRAND ÉCART ???"

Fin de la voie dans la dernière longueur de Frison-Roche, la journée commençant à être longue pour Rémy. Magnifique 5c en effet, avec tout de même un bon pas de fissure sur la fin. Arrivée pour le coucher de soleil, la frontale n’aura même pas été sortie !

Pendant ce temps, les autres ont monté le bivouac, et commencé à préparer le repas. Gaétan fera encore des siennes en éclatant le Sirroco de Rémy d’un coup de pied bien ajusté avant que tout le monde n’aille se coucher, bien rincé.

Dimanche, c’est encore Belvitas !

[à suivre]